Q U I T A P E N A

Le corps ne ment pas. Ce matin, je me suis réveillée aphone. Ces derniers temps, je me sens comme dans un brouillard épais, où chaque pas semble incertain. En décalage avec l’effervescence de la rentrée, les nouveaux projets, les résolutions et cette frénésie d’action qui gicle autour de moi et me donne le vertige.

Ce matin, en parfaite synchronicité, Salvador est venu apporter dans mon lit des poupées de soucis qui traînaient dans un coin de ma chambre. Les mêmes poupées que ma grand-mère, grande voyageuse, m’avait rapportées d’Amérique du Sud quand j’étais petite, et que je glissais sous mon oreiller.

Les muñecas quitapenas, de l’espagnol muñeca (poupée) et quitapena (combinaison de « quita » : enlever et « pena » : soucis ou peine), sont une tradition ancestrale indigène. Elles sont fabriquées à la main avec des fils colorés et des morceaux de tissu. Selon la légende, on leur confie nos soucis en les plaçant sous l’oreiller avant de dormir. Au matin, les poupées auraient absorbé les inquiétudes, offrant ainsi un répit à l’esprit de l’enfant. Cette tradition simple et innocente renferme une grande puissance, celle du réconfort et de l’apaisement symbolique.

Offrir un répit à l’enfant blessé, oui c’est la clé. Merci petit Bouddha.