échappons nous en silence…

“silence !”

écrit par Christine Pineau-Terracol

Participante au séjour Silence. Chief Happiness Officer / CommunityManager / Rédaction de contenu

A quelques jours de la rentrée, signe de renouveau mais aussi retour à l'agitation urbaine et aux multiples obligations et activités qui s'y rattachent, j'ai eu envie de me livrer à une expérience insolite et surtout m'accorder un cadeau d'une valeur inestimable...

Nous vivons dans un monde où nous sommes assaillis en permanence par le bruit et par l'information. Les écrans (télévision, et surtout tablettes, ordis et smartphones) ont fait intrusion dans nos vies et y occupent une place prépondérante. Les nouvelles technologies qui auraient dû, en rendant les tâches de bureau plus facilement exécutables, libérer du temps pour notre vie personnelle nous ont au contraire rendus captifs, victime d'un asservissement volontaire qui gomme les frontières entre vie professionnelle et vie privée, puisque nous sommes rivés en permanence à nos portables. Et c'est d'ailleurs pour cela que les vacances, supposées servir à recharger nos batteries en ralentissant le rythme et en se livrant à des loisirs saisonniers, ne sont plus aussi reposantes puisque nous sommes incapables de nous déconnecter...

Alors j'ai donc décidé de m'offrir pour quelques jours à la fois le silence et la déconnexion numérique. Familier tout à la fois de ma volubilité naturelle et de ma nomophobie*, mon entourage amical a émis quelques doutes quant à la réalisation ou du moins au succès du projet, connaissant bien mal au passage mon goût pour le silence dès que l'occasion m'en est fournie. Il faut dire que le silence angoisse en général au point de se croire obligé de le meubler alors qu'il n'est de plus grande proximité avec d'autres qu'un silence admis et partagé en toute sérénité.

Il ne s'agissait point pour moi d'aller me retirer dans quelque cellule monastique sans contact avec mon prochain mais bien au contraire d'éprouver ma capacité à respecter et surtout supporter le silence au sein d'un groupe, ainsi que d'éteindre pour quelques jours mon portable et couper ainsi tout contact avec le monde extérieur.

Comment, si ce n'est dans le silence et l'introspection, trouver la paix et se reconnecter à soi-même, voire en quelque sorte se réinitialiser ? Le séjour Silence (@Silence) m'en a offert l'opportunité. Le principe en est simple : proposer aux participants un lieu suffisamment isolé et en contact avec la nature qui leur permette de goûter le repos et de se ressourcer, au cours d'un séjour sous le signe du bien-être et de la bienveillance, dans le silence, avec des séances de yin yoga et de méditation basées sur la philosophie indienne, des marches silencieuses en forêt, des massages si on le désire et une nourriture végétarienne permettant la détox du corps. Sans oublier une totale déconnexion digitale, non obligatoire mais fortement recommandée.

Dès mon arrivée j'ai éteint mon portable sans ciller, et même si je n'ai pas oublié son existence durant mon séjour, je n'ai eu à aucun moment la tentation de le rallumer. J'ai même prolongé sa quarantaine à 24h supplémentaires après la fin du séjour. Au final cette déconnexion m'a donné un sentiment de liberté incroyable !

Quant au silence qui nous est si peu naturel dans nos vies actuelles, il a été mis en pratique quelques heures après l'arrivée du groupe (qui ne se connaissait pas à l'exception de deux ou trois personnes), en douceur. Lors de la séance de yoga du premier jour, un exercice fort inconfortable nous a été proposé : chacun déambulait dans la salle et lorsqu'une petite cloche retentissait, il s'agissait de se placer en face de la personne la plus proche et de la fixer dans les yeux pendant 2mn. C'est interminable et il est très difficile de soutenir le regard. Mais sans le support de la parole, il passe beaucoup de choses dans cet échange, c'est une expérience intéressante.

Contre toute attente et même pour les plus bavards, ce silence n'a pas été si malaisé. Les repas se déroulaient dans un silence religieux ainsi que les activités, mais l'énergie de chacun se communiquait au reste du groupe assez harmonieusement.

Ces 4 jours à la fois reposants et intenses, ont été l'occasion en particulier lors des heures de temps libre à une introspection menant à une vraie rencontre avec soi-même. On a coutume de remplir sa vie d'activités multiples (et de se plaindre du manque de temps !) pour esquiver justement ce face à face. On a tort, car en se reconnectant à son moi profond, on gagne également la capacité à s'ouvrir davantage aux autres. Par ailleurs, lors de ce séjour, le silence aplanit toutes les différences, tout le monde est logé à la même enseigne, personne ne prend le lead.

C'est pourquoi j'ai eu l'intuition, pour ne pas dire la certitude, qu'il serait bon d'adapter aux entreprises ce concept. On parle de plus en plus de bien-être et de bienveillance au sein des entreprises (@Juliana Déthune tu ne me contrediras pas !), pourquoi ne pas organiser pour les équipes des séminaires silence ? Ainsi, le manager et ses collaborateurs seront pour quelques jours au même niveau, et pourront à la fois s'enrichir eux-mêmes et apprendre à vivre ensemble sans le support de la parole, développant des ressources cachées pour maintenir la cohésion du groupe. Le séjour silence est un moment fort pour chacun des participants, et à une époque où on évoque de plus en plus dans les entreprises le droit à la déconnexion, il me semble qu'offrir cette expérience à des collaborateurs c'est déjà leur donner des clés pour retrouver la concentration que la boulimie d'informations quotidienne a tendance à mettre à mal. Se recentrer et être capable de canaliser le flux de pensées qui polluent le mental, ne peut que laisser le champ libre à la créativité; une autre conséquence sera de développer chez chacun un engagement fort pour sa société, point important pour beaucoup d'entreprises. A méditer...

*angoisse d'être séparé de son téléphone

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