À la recherche du Silence : ma retraite en yourte ratée

 
 

Il y a quelques jours, je suis partie en "solo retreat" dans une yourte nichée au cœur de la campagne portugaise. Un mélange épicé de moments de grâce, parsemé d'inconfort !

J'ai pu me retrouver seule avec moi-même, profiter d’instants de rêverie profonde et m'immerger dans l'écriture comme rarement au quotidien. Comme chaque fois que je m’extrais du monde, cela m’a offert une respiration, des dénouements et de la clarté.

Ce voyage intérieur a aussi révélé pas mal d’agitation et des confrontations avec des parties de mon ego… et pas les plus sympathiques.

En réalité, ce séjour en yourte ne proposait pas la pratique du silence et j'ai demandé aux hôtes du centre de modifier un peu le programme pour m’offrir du silence. J’avais donc légèrement tordu la réalité à ma vision (comme assez souvent d’ailleurs) pour assouvir mon désir de m’immerger dans le silence.

Dans mon rôle de "gardienne du silence" au quotidien, je m’évertue à créer l’environnement le plus propice à l’expansion du silence, à penser à chaque détail avec soin, et à le défendre comme une ressource précieuse et subtile.

J’ai pensé que mon bac+12 de silence me permettait une immersion silencieuse un peu à ma sauce ! Eh bien non. Ma "Controladora" intérieure a pris les commandes, cherchant à avoir un avis sur tout et sur rien (et particulièrement en matière de silence), à juger, à remarquer tout ce qui n’allait pas, à critiquer. "C’est mal insonorisé", "Comment veut-il que je réponde à ses questions alors que je ne suis pas censée parler ?", "C’est quoi cette pipelette de masseuse ?", "Je suis là pour me reposer, c’est quoi ce sommier cheap ?", "Les aboiements de chien non-stop nuit et jour, c’est une caméra cachée ou quoi ?", "Il manque ceci, cela, je manque d’info, on dirait qu’ils font exprès pour que je rompe le silence", "Même les moustiques font un bruit de fou, c’est pas permis !"…et j’en passe, le mental en roue libre. Comme l’arroseur arrosé, j’ai subi le contre-coup de cette décision. Je n’étais simplement pas au bon endroit pour plonger dans mon silence.

Oui, cette ressource est universelle et vitale pour tous, néanmoins, une immersion silencieuse est un processus profond et minutieux, qui ne se résume pas à une simple absence de parole, qui nécessite un cadre adapté, guidé par des facilitateurs expérimentés.

J’admet avoir chois un titre un peu fort à cet article, pour attirer votre attention de lecteurs. Cette expérience était challengeante mais loin d’être "ratée". Mes hôtes sont des amours, ils ont fait de leur mieux et ne sont pas responsable de ces défis personnels. Chaque "échec" porte en lui des enseignements précieux, et ma retraite en yourte n'a pas fait exception. Je suis sortie de cette expérience grandie, avec une compréhension plus profonde de moi-même, du silence.

Encore plus de foi dans ma mission, encore plus d’envie de servir cette médecine du silence avec délicatesse.

Muito amor