Le concept du continuum
C’est quoi, être un bon parent ? Je crois que c’est être à l’écoute des besoins de son enfant, et tenter de les satisfaire autant que possible.
Avant que Salvador arrive, Jonathan et moi nous sommes plongés dans toutes sortes de sources sur la parentalité – livres, podcasts, cours en ligne, rencontres – et l’idée globale qui en est ressortie est : dans notre société contemporaine, la manière de pratiquer la parentalité change drastiquement d’une génération à l’autre alors que les humains enfantent depuis la nuit des temps. Parce que beaucoup de choses ne fonctionnent tout simplement pas.
De plus en plus de voix s’élèvent aujourd’hui pour dire que si l’on veut être un bon parent, plutôt que de réinventer la roue, il suffit d’observer les pratiques de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs et de les adapter le plus possible à nos vies contemporaines. D’ailleurs, les enfants élevés selon ces méthodes millénaires développent moins de troubles de l’attention, sont plus heureux, et participent plus à la vie de famille.
Le concept du continuum est la lecture qui a le plus inspiré ma vision sur la manière d'élever mon enfant, en se rapprochant de la nature humaine, en suivant son instinct et en renversant les conceptions occidentales. L’ autrice, Jean Liedloff y explique qu’un bébé privé des besoins fondamentaux de proximité et de sécurité est privé de sa nature profonde : il recherchera toute sa vie le sentiment de plénitude qu’il aurait dû ressentir auprès de ses parents quand il était bébé, au contact physique, porté, cajolé.
Cet extrait de la quatrième de couv est très parlant : "Toute mère ou future mère doit le lire, la beauté de la chose est qu'elle n'apprendra rien de nouveau, elle se rappellera simplement ce qu'elle a ressenti au plus profond d'elle même."
La nature est bien faite et a fait en sorte que les bébés (de toutes espèces confondues) éveillent instantanément en nous un état de tendresse et le désir de nous en occuper, de les protéger, les câliner. Ainsi ces êtres faibles, lents, sans expérience, sans défenses attirent naturellement l'assistance dont ils ont besoin pour survivre.
Le besoin fondamental du bébé qui a été le plus surprenant à découvrir pour moi est le portage. Depuis la nuit des temps, les mères ont ainsi porté et portent encore leurs bébés contre elles pour vaquer à leurs occupations quotidiennes tout en protégeant leurs petits.
À la naissance, le bébé sort d'un environnement entièrement vivant et rassurant, le temple maternel. Pour retrouver la plénitude du milieu utérin, la place du bébé est naturellement au creux des bras, au contact peau à peau, c’est pourquoi il est recommandé de porter les petits bébés le plus possible avant qu’ils sachent se déplacer seuls. Ils n’ont pas été conçus par la nature pour se retrouver dans une boîte sans vie, type berceau ou couffin, sans mouvement, sans son, sans odeur, sans sensation de vie. Durant la phase de portage, un bébé se sent accueilli, en sécurité et stimulé, il vit des expériences auditives, visuelles, tactiles et olfactives en plus des mouvement et il apprend à quoi ressemble la vie. Cela comble son besoin de sécurité et d’attachement qui le rendra véritablement confiant et indépendant plus tard. On sait que l’indépendance imposée trop tôt peut mener à des dépendances à la peau dure.
Le portage a été une expérience merveilleuse pour moi, et surtout pour Jo qui a porté son fils des milliards d'heures. Comme l’allaitement, j’ai vécu le portage comme une expérience de connexion, je me sentais souvent faire un avec Salvador.
Pour essayer de rester le plus proche possible de la parentalité intuitive et consciente, en plus d’utiliser notre instinct et notre bon sens, le concept du continuum nous invite par exemple à :
porter les petits bébés pendant les 6 à 8 premiers mois pendant toutes les activités du quotidien : faire les courses, cuisiner, marcher, nettoyer, discuter…
répondre aux pleurs des bébés : ils traduisent un besoin ou une gêne, un nourrisson ne pleure pas sans raison et ne fait pas de caprices.
pratiquer le cododo
allaiter (des renseignements et des conseils sur le site de la Leche League)
fournir un cadre avec des objets nombreux et variés pour exercer et découvrir leur potentiel (tiens, ça me rappelle quelqu’un cette histoire d’ambiance et d’environnement adapté)
accomplir toutes les tâches du quotidien avec les enfants car ces derniers imitent et exercent leurs aptitudes spontanément (et non quand on leur apprend)
laisser les enfants expérimenter à la périphérie des adultes sans supposer qu’ils vont se faire mal, tomber ou encore faire mal aux autres
favoriser les contacts entre enfants de tous âges (et pas seulement du même âge comme à l’école) pour favoriser l’imitation et la socialisation
être disponible quand l’enfant nous appelle sans chercher à le protéger quand il estime ne pas avoir besoin de nous