Épisode 1 : Portraits de Vipassaniens

Ce premier partage sera composé de portraits de participants, ces gens qui se sont lancés dans cette aventure incroyable et délivrent leur point de vue authentique via de courtes interviews, je me suis prêtée à l’exercice.

Jeanne Dujardin.
32 ans, française, créatrice de Silence

1/ Un mois après l’expérience, quels sont les effets ressentis sur toi, sur ta vie ? L’effet immédiat a tout d’abord été cette vague d’auto satisfaction d’avoir tenu les 10 jours, d’être allée au bout, parce que c'est long mais ça vaut tellement le coup ! Depuis, je dirais que sur le long terme, je ressens un état de sérénité global, l’impression aussi de mieux me connaître, après tout ce temps passé en tête à tête avec moi. Ma technique de méditation s’est peaufinée, je ressens plus de faciliter à “plonger” dans ma pratique et esquiver les distractions extérieures ou du mental.

2/ Qu’est ce qui a été le plus dur pour toi ? Comme la première fois, c’est clairement toutes ces règles strictes qui sont imposées, les horaires, les activités, la tenue, la position. J’aime ma liberté plus que tout et c’est une vraie épreuve pour moi de me la voir retirée dans ce cadre si limité, mais je sais que c’est pour la bonne cause, que je suis là de mon plein grès, alors je joue le jeu, je sors de ma zone de confort.

3/ Y a-t-il quelque chose de personnel/ spécial que tu as envie de partager au sujet de ton expérience ?  La particularité de cette retraite a clairement été de la vivre avec mon homme, Jonathan. Il y avait quelque chose de frustrant de ne pas pouvoir être en contact, et en même temps très beau et réconfortant de le voir, de loin, dans le même bateau… voir d'excitant ! Nos retrouvailles après 12 jours séparés ont été un des moments les plus fort de notre divine idylle.

4/ Quels sont les enseignements que tu vas garder de Vipassana ?
Le fait de vivre ces expériences qui me poussent dans mes retranchements tel que Vipassana, mais aussi les jeûnes réguliers ou la darkness retreat que j’ai fait l’an passé, cela me donne une grande force intérieure. Cela me fait réaliser que l’on peut surpasser nos craintes, qu’on peut aller bien plus loin qu’on le pense initialement, ou que nos conditionnements nous le font croire. Cette compréhension m’accompagne désormais au quotidien, ça a bousculé réellement mes perspectives, avec plus de confiance, comme si cela créait un espace de respiration face aux événements de la vie, une forme d’insouciante légèreté.


Florian Bertin.
26 ans, français, globe-trotteur et ingénieur en énergies

1/ Un mois après l’expérience, quels sont les effets ressentis sur toi, sur ta vie ? Ça m’a pris beaucoup de temps de réaliser les effets, j’ai ressenti un calme global en moi, moi qui suis de nature angoissée. J’ai plus de clarté, depuis, plus de facilité à prendre des décisions. Une énorme conséquence est la naissance les questionnements sur le sens de ma vie, ce qui est à la fois positif et négatif, mon futur, mon chemin, mes aspirations. 

2/ Qu’est ce qui a été le plus dur pour toi ? Je n’étais pas bien au courant de ce dans quoi je m’embarquais, je me suis un peu inscris rapidement et ça m’a fait me poser beaucoup de questions, “où ai-je mis les pieds ?” “c’est quoi cette secte ?”, j’ai beaucoup cogité au début. Le silence a accentué mes angoisses, j’étais seul et ne pouvais poser de questions. J’ai reconnu Jonathan Lehmann dans le groupe, grâce à qui j’ai découvert la méditation. Sa présence a été un vrai soulagement, une ancre qui me faisait relativiser sur mes peurs.

3/ Y a-t-il quelque chose de personnel/ spécial que tu as envie de partager au sujet de ton expérience ?  Pousser les gens qui ne l’ont jamais fait à aller au bout, affronter les moments où l’on se dit “bon j’arrête !” car ça vaut tellement le coup d’aller au bout. On est beaucoup à avoir les traumas et les zones d’ombres de ma vie. Moi ça a été beaucoup axé sur ma rupture récente avec mon ex-copain, j’ai cru que ça m’atteindrait pas autant mais finalement j’y pensais sans cesse. Cependant l’après Vipassana, je me sentais plus fort pour tourner la page et me concentrer sur moi.

4 / Quels sont les enseignements que tu vas garder de Vipassana ? J’aime beaucoup l’enseignement “Tout est impermanent”. Quand Goenka le dit ça semble si évident. J’ai tendance à m’attacher aux choses, à subir quand ça ne va pas exactement dans le sens que j’avais prévu, à imaginer les choses telles que je voudrait qu’elles soient. 

L’idée de les observer telles qu’elles sont et non telles qu’on voudrait qu’elles soient. Je me le répète chaque jour en méditant et je sens que progressivement ça s’ancre au fond de moi et ça me fait du bien. Plus je me l’applique et elle impacte positivement mon moral, ma confiance en moi, et ça m’accompagne au quotidien.


Veronika Shramko.
29 ans, russe, chanteuse

1/ Un mois après l’expérience, quels sont les effets ressentis sur toi, sur ta vie ? Je les ressens tous les jours, ces graines poussent en moi ! J'essaie de méditer aussi régulièrement que possible et cela m'aide vraiment à traverser des moments assez difficiles de ma vie.

2/ Qu’est ce qui a été le plus dur pour toi ? Le plus difficile était de ne pas manger le soir :) quelques fois j'ai triché… Mais pour être honnête, c'est mon troisième Vipassana, et cette fois c’était tellement plus facile pour moi, je n'ai presque pas eu de difficultés mentales et physiques en méditation. Mon meilleur moment de Vipassana a été lorsque j'ai trouvé une plume de paon derrière la salle du Dhamma. J'étais heureuse comme un enfant :)

3/ Y a-t-il quelque chose de personnel/ spécial que tu as envie de partager au sujet de ton expérience ? Je veux juste le recommander à tous ceux qui se sentent faibles ou perdus. C'est le plus beau cadeau que vous puissiez vous offrir : passer du temps seul.

4 / Quels sont les enseignements que tu vas garder de Vipassana ?
“No craving”


Jonathan Lehmann.
43 ans, français, écrivain

1/ Un mois après l’expérience, quels sont les effets ressentis sur toi, sur ta vie ? Cette fois peut-être encore plus que les Vipassana précédents, j’ai senti plus de calme, plus de distance par rapport à mes réactions automatiques, j’ai senti que j’étais plus présent, plus posé, serein, plus joyeux. Ce qui est marrant c’est que pendant les quelques jours qui ont suivi Vipassana, c’était pas du tout comme ça, c’était comme si je sortais d’une opération et que ça faisait encore plus mal, j’étais hyper sensible, pas particulièrement bien, mais quand ça s’est consolidé, 4 à 6 jours après la retraite, j’ai commencé à sentir les bienfaits s’installer réellement.

2/ Qu’est ce qui a été le plus dur pour toi ? Le 6ème jour j’ai eu une poussée de fièvre, j’arrivais plus à me lever, ni à méditer, j’avais des sueurs froides. Je commençais à cogiter sur le covid ou autre maladie grave, finalement c’est passé après une bonne demi-journée. Autre moment hyper dur, le 9ème jour, je me suis mis à avoir des pensées de rage et de colère que j’avais du mal à contrôler. Je savais que c’était presque terminé mais malgré cela, mon mental était en furie !

Les meilleurs moments étaient ces moments de méditation où t’as l’impression d’être l'explorateur de ta propre personne, j’ai eu un moment particulier où j’ai ressenti des choses que j’ai rarement ressenties en médiation, comme des flows d’énergie en moi, des méditations d’une profondeur que j’avais jamais connu, des moments véritablement extatiques, j’ai ressenti que j’étais récompensé d’avoir travaillé beaucoup cette technique.

3/ Y a-t-il quelque chose de personnel/ spécial que tu as envie de partager au sujet de ton expérience ? Faire Vipassana avec ma femme, de pas pouvoir lui parler, et en même temps de la voir et sentir sa présence. Se faire des sourires volés, même si c’était interdit. C’était très fort, je nous sentais unis et le fait qu’on traverse ça ensemble, c’est ce qui a rendu ce Vipassana plus facile et ça m’a donné de la force dans l’épreuve.

4 / Quels sont les enseignements que tu vas garder de Vipassana ? Respirer avant de réagir. Observer avant de réagir. Faire attention à nos réactions compulsives, qui dictent souvent quoi dire ou faire. En observant mes sensations physiques, sans en être l’esclave, cela nous permet de choisir un chemin le plus conscient, le plus aimant.


Lana Kithmini, 28 ans, sri lankaise, infirmière

1/ Un mois après l’expérience, quels sont les effets ressentis sur toi, sur ta vie ? Je remarque que je suis plus calme et patiente. Et la réaction aux stimuli environnementaux a été lente. J’ai gardé l’habitude d’observer remarque mes sensations corporelles tout au long de la journée.

2/ Qu’est ce qui a été le plus dur pour toi ? Le plus difficile était de tenir la posture de méditation sans bouger pendant toutes ces heures. Les meilleurs moments de Vipassana ont eu lieu les deux derniers jours lorsque la technique nous invitait à se concentrer sur le scan corporel et de ressentir toutes les sensations à travers le corps . Et les discours du soir étaient encourageants et ancrés.

3/ Y a-t-il quelque chose de personnel/ spécial que tu as envie de partager au sujet de ton expérience ? Par expérience pour la première fois, j'ai appris que l'aspect matériel de ce corps n'est qu'une perception de mon esprit, donc une illusion. Savoir cela rend mon esprit plus puissant.

4 / Quels sont les enseignements que tu vas garder de Vipassana ? Que lorsque des émotions accablantes arrivent ; positives comme négatives, faites juste attention aux sensations et notez la réalité de ces sentiments.


Fanny Fontes.
30 ans, française, avocate.

1/ Un mois après l’expérience, quels sont les effets ressentis sur toi, sur ta vie ? Je suis plus apaisée. Plus dans la contemplation. Plus confiante en la vie et en la capacité à être heureuse.

2/ Qu’est ce qui a été le plus dur pour toi ? Les conditions de confort et d’hygiène. Le fait de ne pas pouvoir connaître les personnes qui m’entouraient, de ne pas savoir qui elles étaient. Au début c’était drôle, je leur imaginais des vies et des histoires (des nationalités même) et puis c’est devenu frustrant. Une vraie punition de ne pas être capable de partager une chose si simple que son identité. 

3/ Y a-t-il quelque chose de personnel/ spécial que tu as envie de partager au sujet de ton expérience ? La plus grande vérité que j’y ai trouvé, c’est celle d’être plus douce avec moi même et avec les autres. Je me suis mise une telle pression pour « tirer le meilleur” de cette retraite que cela m’est devenu insupportable. Et puis tout à lâché et j’ai découvert que peu importer le résultat, c’est le chemin qui compte. Cela a été un grand soulagement. Lorsque j’ai arrêté de me mettre la pression, tout s’est éclairé. Aujourd’hui je me sens heureuse et apaisée. 

Je retiendrais la beauté de la nature, l’élégance de ces vieilles dames et la sincérité de leurs sourires, la pureté des relations crées dans le silence, la richesse des choses que l’on peut trouver à l’intérieur de nous. 

4 / Quels sont les enseignements que tu vas garder de Vipassana ? Un outil précieux pour aborder les vicissitudes de la vie quotidienne. J’ai retrouvé la confiance en ma capacité à gérer les choses par moi même (i.e. plus besoin d’être suivie par un psy). Je me sens capable.